A quoi sert l'indépendance quand on a faim ?
UNE AUTO-CRITIQUE POUR NOUS INDEPENDANTISTES A ANALYSER | |||||||||
Les pays d'Afrique francophone fêtent dans la liesse l'indépendance acquise il y a quarante-huit ans. Mais il n'y a pas de quoi se réjouir alors qu'ils sont touchés de plein fouet par la hausse des prix des produits alimentaires, regrette le quotidien burkinabé Le Pays. | |||||||||
La célébration des quarante-huit ans d'indépendance des pays d'Afrique francophone coïncide en effet avec une période difficile de vie chère, dont l'une des manifestations est la flambée des prix des produits alimentaires. Ce phénomène mondial a cependant connu des pics en Afrique de l'Ouest, en raison d'une fragilité plus grande des économies et d'un système de production agricole inadapté. Dans la sous-région, certains pays détiennent des records en matière de production agricole, mais ils ont subi de plein fouet la hausse mondiale. Car ces denrées, destinées uniquement à l'exportation, ne se mangent pas. Le café, le cacao, l'hévéa et le coton, tous des cultures de rente, sont produits à grande échelle, et se vendent bien pour certains. Mais ils n'ont pu permettre d'amortir le choc de la crise alimentaire. Et voilà posée, dans toute sa cruauté, la question de la souveraineté alimentaire. Quelle fierté les Etats africains ont-ils à célébrer quarante-huit ans d'indépendance quand ils ne sont pas en mesure de nourrir leurs populations ? Car la première des libertés à conquérir, c'est celle de l'autosuffisance alimentaire. Ce qui est loin d'être le cas dans l'espace ouest-africain. Il a fallu, du reste, que survienne la grave crise de cette année, avec ses conséquences néfastes sur la stabilité sociale de bien des pays, pour que les dirigeants sortent de leur torpeur. On a ainsi vu, au début de cette campagne agricole, une mobilisation jamais égalée autour de la question agricole. Que va donner ce branle-bas de combat bien tardif ? Sans doute ne faut-il pas s'attendre à un miracle. Ce n'est pas en une saison qu'on rattrapera les errements des années passées. Il faudra recadrer les politiques agricoles, en rationalisant les stratégies et les moyens, au service des produits vivriers. Mais il aura fallu, comme c'est souvent le cas, un choc extérieur pour réveiller les dirigeants. A deux ans du cinquantenaire des indépendances, la plus grande bataille qui vaille, celle de la sécurité alimentaire, commence à peine. Pourtant, dès les années 1960, certains esprits visionnaires comme [l'agronome et écologiste français] René Dumont avaient tiré la sonnette d'alarme. Dans l'euphorie de la souveraineté, on le considérait peut-être comme un trouble-fête. Force est de reconnaître que ces indépendances chèrement acquises ont été mal gérées. Et il ne serait pas étonnant que l'on voie un jour des nostalgiques de la période coloniale réclamer que les pays africains reviennent dans le giron de l'ex-puissance. | |||||||||
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Mahorou Kanazoe |
C'est un exemple pour nous indépendantistes, l'Afrique nous montre bien des choses, l'indépendance n'est pas une fin en soit c'est l'indépendance économique, comme disait tjibaou il ne faut pas sortir pas la grande porte pour venir mendier par la fenétre!
La kanaky se prépare, se construit. A nous de méditer.
NAYO