 Samedi 29 novembre 08 - Koohnê (Koné) ...... L´Accord de Nouméa vient de franchir sa dixième année d´existence. Nous sommes à la veille de la troisième mandature de son application, celle devant transférer les dernières compétences et préparer le pays au transfert de celles dites régaliennes, consacrant ainsi l´accession du pays à l´indépendance. Le FLNKS aura 25 ans l´an prochain ; c´est 25 années de mobilisation, d´activisme, et d´efforts pour porter la revendication à l´accession. Durant toutes ces phases du développement de notre combat politique qui auront jalonné ces 25 années, le FLNKS a toujours été acteur et a toujours revendiqué ses actions. Aux échecs et aux déboires de nos débuts, parce qu´il fallait se battre pour conscientiser, aux innombrables formes d´intimidation et aux tragédies qui auront marqué ce parcours parce que la répression de la part du système que l´on dérangeait était implacable, aux lâchages et aux trahisons de toutes sortes que l´on a connues, notamment de la part de certains de nos compagnons historiques, nous avons su tourner le dos à la spirale infernale du chaos. Nous nous sommes fait violence une fois de plus malgré ce que notre peuple ou nous même avons enduré, pour proposer et concevoir ici en pays kanak, appartenant à l´ensemble de la Mélanésie, dans le Pacifique une société pluriculturelle, moderne et ouverte sur le monde - fondée sur les principes de la citoyenneté, et des droits de l´homme - et non une société recroquevillée sur elle -même, - assujettie aux règles du corporatisme ou à des pratiques d´une autre époque. La convention de St Louis, du 20 septembre dernier, a chargé un groupe de travail, sous la responsabilité du Bureau Politique, d´élaborer une plate forme de travail ayant pour objectif de formaliser la démarche unitaire, démarche que les uns et les autres appelons depuis quelques temps, en tout cas depuis la convention que nous avons tenu ici même dans cette salle en mai 2007, pour continuer à porter l´accord jusqu´à son terme, au travers de toutes les embûches rencontrées, y compris celles relevant des échéances électorales. Ce groupe de travail n´a malheureusement pas donné les résultats escomptés, puisqu´il n´a pas fourni de rapport au terme du temps qui lui était imparti ; je pense que les uns et les autres auront à coeur de s´exprimer sur ce sujet durant le débat. En tout cas, le BP du FLNKS, sur la base des orientations de la convention de St Louis, estime qu´il faut plus que jamais s´atteler à réussir la mise en oeuvre de l´actuel processus de décolonisation car les freins, les inerties ou les tentatives de déstabilisation vont sans doute s´intensifier, le terme de processus - 2014 - se rapprochant. 2014 - dans cinq ans, pourront être organisés à partir de cette échéance et à la majorité des 3/5 au congrès de la Nlle Calédonie, les différents référendums pour valider ou non le transfert des dernières compétences, celles dites régaliennes. Cette date porte aujourd´hui à polémique car si certains veulent y fixer un cap pour expurger toute idée d´indépendance, - on rappelle que d´autres en leur temps ont voulu aussi expurger le FLNKS en réclamant sa dissolution - d´autres affirment au contraire qu´elle sera l´avènement net de l´indépendance, reprochant même au FLNKS de n´avoir aucune position sur ce sujet ! Mais n´est ce pas ces mêmes qui avaient qualifié l´accord de Nouméa « de grosse couillonnade » à sa signature, et qui l´ont condamné. C´est peut-être l´État et le Rassemblement qui ont défendu l´idée d´organiser des référendums d´accession à la souveraineté dès 2014 ! Nous - nous disons simplement que l´indépendance a commencé depuis la mise en oeuvre de l´ADN, au travers notamment de toutes les dispositions prises en faveur de la citoyenneté, mais encore faut-il être acteur du processus pour le voir et non se réserver le rôle tellement confortable de critique et de donneur de leçons! La responsabilité du FLNKS aujourd´hui est de réussir le processus qu´il a signé en 1998 et donc d´amener le pays à l´indépendance. Il nous faut donc tenir compte des situations actuelles pour bâtir des stratégies et les développements futurs de cette stratégie. L´accord de Nouméa nous amène à la décolonisation au travers de la mise en oeuvre concomitante des dispositions telles que la reconnaissance de l´identité kanak, le verrouillage du corps électoral par le corps électoral restreint, le transfert des compétences, la formation des cadres ou encore du développement économique et social. Au terme du processus en cours, au terme de cette période de décolonisation, le pays - devenu indépendant - aura à bâtir ses relations, ses coopérations ; à choisir librement ses interdépendances, tant économique que politique, continuer à se développer, conformément aux dispositions prévues par la résolution 15.14 de l´ONU en date du 14 décembre 1960. . A ce stade, au terme de cette période de décolonisation, le pays aura acquéri une indépendance citoyenne, mais ne serait pas pour autant une nation de gauche, une nation dont sa société fonctionne sur des valeurs socialistes ! Le FLNKS porte cette philosophie et son ambition affichée depuis sa création est bien de mettre en oeuvre un projet de société fondé sur des valeurs de gauche, sur les valeurs du socialisme pour prendre en compte et répondre aux besoins de tous les citoyens, de ceux qui sont colonisés, ceux qui sont exploités, pour éviter que les riches ne s´enrichissent davantage et que les pauvres s´appauvrissent davantage. Le BP souhaite que chacune de nos formations puissent indiquer ses appréciations et ses points de vue sur les perspectives qui viennent d´être ainsi évoquées pour permettre à ce que notre cadre politique soit mieux clarifié et permettre ainsi aux uns et aux autres de prendre les bonnes décisions et en toute transparence. La tâche de ce congrès aujourd´hui est de rechercher les conditions pour que le FLNKS et le mouvement indépendantiste en général parce que c´est aussi de notre responsabilité, soit mieux représenté dans les institutions à partir de 2009. Non pas pour refaire 1984, mais bien pour porter à terme les dernières dispositions devant permettre la réalisation de ce plan de décolonisation. Il est donc nécessaire que les uns et les autres donnent leur analyse de la situation politique actuelle, de l´attitude des signataires. La première analyse, c´est d´abord sur le fonctionnement de notre outil de lutte. Les congrès précédents ont souvent évoqué ses limites. Depuis quelques mois, une structure s´est attachée à conforter le BP dans sa mission de direction, notamment par la mise en place d´un organe de communication écrit « la voie du FLNKS » parallèlement à la restructuration presque achevée maintenant de Radio Djiido. Quelles mesures préconise le congrès pour aider plus le BP dans sa mission ou d´une manière plus générale, aider le FLNKS dans son fonctionnement et sa mission de suivi de l´ADN. Et l´État ? Je voudrai souligner à ce stade le respect de la parole donnée par l´État pour l´adoption par le Parlement français durant cette mandature des mesures visant à restreindre le corps électoral, conformément à ses engagements en 1998 - lors des négociations sur l´ADN. Vous l´aurez remarqué également, l´État s´est attaché au cap qu´il a fixé lors la dernière réunion du comité des signataires de décembre 2007 par la voix du Premier ministre Fillon, en faisant de la mise en oeuvre de l´accord de Nouméa la feuille de route de sa politique en NC, prenant ainsi à contre-pied quelques ambitions locales. Face à un UMP qui n´arrive plus à contenir ses déconvenues, qui condamne tout azimut tout ce qui mis en oeuvre non seulement par le FLNKS mais aussi par les autres formations de sa famille politique et qui continue à se déjuger par rapport à l´Accord de Nouméa, la droite locale s´effrite - de l´avenir ensemble au front national. Cependant force est de reconnaître qu´au regard de la première mandature de l´accord de Nouméa où le FLNKS avait tiré la sonnette d´alarme au congrès de Moindou par le constat d´une dérive dans la mise en oeuvre de l´ADN, l´Avenir Ensemble aura contribué fortement durant cette mandature à forger le destin commun par sa contribution à la mise en oeuvre de bon nombre de dispositions. On peut citer notamment les signes identitaires ou de certaines dispositions autour de l´identité kanak, la mise en oeuvre d´outils de développement tels que l´usine du Nord ou celle de Korée, les transferts de compétences que le comité des signataires va examiner les jours prochains, ou encore d´autres dispositions qui sont dans le circuit comme le schéma minier, ou encore le schéma d´aménagement de la Nouvelle Calédonie. Et dans le camp indépendantiste en général, est ce que les différences d´appréciation sur la mise en oeuvre de l´ADN en général, ou sur les politiques publiques portées dans nos différentes provinces, ces différences sont-elles insurmontables au point d´empêcher toute démarche unitaire ? Il est important d´y répondre parce que la société calédonienne nous observe ; les citoyens calédoniens que l´on veut convaincre à notre cause nous observent, et finalement aussi par ce que le FLNKS, quoiqu´on dise - est un parti de gouvernement, pas d´opposition. Parce le FLNKS imprime également de son empreinte la marche en avant de ce pays. La distinction uni-flnks / uc dans les institutions, mairies, provinces, congrès, gouvernement, se fait sur des politiques à mettre en oeuvre ; mais cette distinction ne remet pas en cause les objectifs poursuivis par le FLNKS, de nos points de vue respectif , il s´agit bien de les ancrer davantage dans le pays. Pour le BP, il est donc nécessaire de renforcer d´une manière générale la présence institutionnelle du FLNKS dans la mandature à venir. Il est plus que nécessaire d´être présent dans l´institution Province sud, au regard des conséquences de notre absence durant la présente mandature, c´est près de 8000 voix qui ne sont pas représentés durant cette mandature. Est-ce que les nuances ou différences d´appréciation, sont si opposées qu´il est impossible d´envisager des visions et des démarches qui s´additionnent ? En tout cas, il faudra être mieux représenté pour une meilleure prise en charge des besoins de la décolonisation, non seulement à l´échelon provincial sud mais aussi à l´ensemble du pays, au regard notamment de la contrainte des trois cinquièmes nécessaire à la mise en oeuvre des transferts de compétences ou des référendums de sortie. Au sortir de cette réunion ce soir, le congrès devra dire comment concrètement on conforte la démarche unitaire ; en terme de programme par exemple : - Qu´a à proposer au stade d´aujourd´hui face aux craintes exprimées sur l´immigration ? Tant du pacifique que de l´Europe ou de l´Asie ? - comment pouvons - nous prendre en compte les problèmes de société évoqués par la société civile, notamment les phénomènes de violences, l´emploi, le logement, la retraite, ... - Mais aussi comment organiser nos relations politiques, culturelles ou économiques avec le pacifique et le monde. En terme également de calendrier sur les quatre mois qui nous sépare des élections provinciales de mai 2009 puisque toutes les conditions ne seront sûrement pas mises en oeuvres dès ce soir. Comment donc organiser ce travail durant les semaines qui viennent ? En terme de méthode ; comment le FLNKS valide ou prend acte de ce travail de préparation afin que l´objectif de cohésion soit maintenu avant, pendant et après les élections ? Voilà camarades congressistes tout le travail qui vous est demandé durant cette journée ; Bon travail. Le Porte-Parole Victor TUTUGORO |